Prix Gérard-Parizeau 2005 – Histoire

Le lauréat du prix Gérard-Parizeau 2005 est Yves Gingras, professeur, département d’histoire Université du Québec à Montréal

Yves Gingras

Titulaire d’un baccalauréat et d’une maîtrise en physique de l’Université Laval, Yves Gingras a terminé, en 1984, un doctorat en histoire et en sociopolitique des sciences à l’Université de Montréal. De la physique émergeaient, pour le jeune chercheur, de nouvelles questions, car ce n’était plus les résultats, les théories et les concepts de l’activité scientifique seuls qui l’intéressaient, mais aussi l’histoire sociale des sciences. « Les connaissances à caractère rationnel ont une histoire », dit-il. De 1984 à 1986, Yves Gingras a été chercheur postdoctoral au Department of the History of Science de la Harvard University.

Depuis 1986, Yves Gingras est professeur à l’Université du Québec à Montréal. Il a publié, en 1987, avec Luc Chartrand et Raymond Duchesne, l’Histoire des sciences au Québec, livre dans lequel les auteurs se penchent sur les figures pionnières des sciences au Québec, ces chercheurs qui ont construit les institutions scientifiques. Quels sont leurs travaux? Quelles étaient les controverses scientifiques qui les passionnaient? Quel rôle ont joué les universités francophones et anglophones dans le développement des sciences? Comment est né le mouvement scientifique canadien-français?

De ce riche filon de recherche sortiront régulièrement d’autres ouvrages : une présentation des textes du frère Marie-Victorin, une histoire passionnante de l’ACFAS, dont on a oublié le rôle fédérateur et dynamisant pour la communauté des chercheurs francophones du Québec dès 1923, une histoire de l’émergence de la recherche scientifique, en particulier la physique, au Canada. « L’histoire des sciences n’est pas une spécialité absconse réservée aux scientifiques, mais une partie intégrante de la connaissance historique », précise Yves Gingras.

Membre du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie pendant 15 ans, Yves Gingras en est devenu le directeur en 2001. Quatre années plus tard, il a quitté la direction du centre afin de se consacrer entièrement à sa Chaire de recherche du Canada en histoire et sociologie des sciences dont le mandat prendra fin en 2010.

En 2000, Yves Gingras a séjourné au Dibner Institute for the History of Science and Technology du Massachusetts Institute of Technology en tant que Dibner Fellow. À plusieurs occasions, il a été professeur invité en France, au CNRS, à l’École des hautes études en sciences sociales et à l’université Louis-Pasteur ainsi qu’à l’Université de Toronto.

Yves Gingras a à son actif près d’une dizaine de monographies en tant qu’auteur, coauteur ou éditeur, une centaine d’articles dont la moitié avec comité de lecture et plus d’une centaine de conférences. Il a dirigé près d’une trentaine d’étudiants au doctorat et à la maîtrise, a obtenu autant de subventions de recherche et a mené à terme une douzaine de contrats de recherche. Il a siégé à plusieurs conseils d’administration et comités d’évaluation.

Chercheur prolifique, Yves Gingras est aussi un communicateur reconnu que le public a le plaisir d’entendre régulièrement à la radio de la Société Radio-Canada à l’émission Les Années lumière, où il tient une chronique depuis 1997. Il est aussi intervenu souvent comme commentateur lors d’émissions télévisées et il agit parfois comme conseiller scientifique auprès de maisons d’éditions, maisons de productions télévisuelles, etc.

Enfin, plusieurs prix ont souligné l’excellence de son travail. En 1988, l’Institut d’histoire d’Amérique française lui a remis le Prix Michel-Brunet pour l’Histoire des sciences au Québec, avec Luc Chartrand et Raymond Duchesne. La British Society for the History of Science lui a décerné le Ivan Slade Prize 2001 qui couronne la meilleure contribution critique en histoire des sciences pour son essai The Social and Epistemological Consequences of the Mathematization of Physics. Puis, 2005, il a reçu le Prix Gérard-Parizeau « en reconnaissance de son œuvre exceptionnelle et de son engagement social dans l’ouverture du vaste et difficile champ de l’histoire des sciences ».