Prix Gérard-Parizeau 2018 – Histoire

Jacques Rouillard, historien et professeur émérite au Département d’histoire de l’Université de Montréal est le lauréat du Prix Gérard-Parizeau 2018.

Jacques Rouillard

Ce prix récompense cette année-là, un chercheur dont les travaux portent sur l’histoire économique et sociale du Québec au XXe siècle, notamment l’histoire du travail, des entreprises, du syndicalisme, et des institutions publiques.

Depuis plus de quarante ans, Jacques Rouillard s’est consacré à l’histoire du syndicalisme québécois. Après des travaux initiaux sur les conditions de travail et les grèves, le professeur Rouillard a focalisé son attention sur l’histoire du syndicalisme dont il est devenu le plus grand expert au Québec. M. Rouillard en a exploré toutes les facettes et a publié des ouvrages de synthèse remarquables et de nombreux articles spécialisés sur le sujet. Il s’est également intéressé à d’autres aspects de l’histoire contemporaine du Québec. Sa démarche s’est ainsi inscrite dans un cadre plus vaste dont l’objectif était de décortiquer l’émergence du Québec moderne et de montrer l’apport des syndicalistes à cette transformation. Sa contribution à l’histoire du Québec, surtout à son évolution socio-économique, est exceptionnelle.

Sa conférence intitulée Le syndicalisme comme source de la social-démocratie au Québec (1900-1944) a été présentée dans le cadre des Belles Soirées de l’Université de Montréal et diffusée par le Canal Savoir. En voici le résumé :

Notre modèle de société s’inspire des valeurs sociales-démocratiques qui misent sur le caractère démocratique de la société et son humanisation grâce à un rôle accru de l’État au plan économique et à la mise en place d’un filet de sécurité sociale. Cette vision de la société est portée depuis longtemps par le mouvement syndical, bien en deçà des années 1950 et 1960. Le fruit de nos recherches laisse voir que ce sont les syndicats internationaux (nord-américains) venus des États-Unis à partir de la fin du XIXe siècle qui sont les initiateurs de cette vision de la société au Québec. Ils dominent de loin le mouvement syndical et leurs revendications politiques auprès des gouvernements ne s’alignent pas sur celles articulées aux États-Unis, mais sur celles qui animent le mouvement ouvrier britannique (Trades Union Congress, Labour Party). 

C’est ce que nous allons montrer pour la période 1900 à 1944 à partir notamment des mémoires annuels soumis au gouvernement du Québec. Les réclamations portent sur un large éventail de sujets qui vont bien au-delà des conditions de travail : élargissement des droits démocratiques dont le droit de vote pour les femmes, éducation gratuite et obligatoire, nationalisation des entreprises de services publics et mise en place d’un filet de sécurité sociale, etc. C’est rafraichissant de savoir que l’histoire de la société québécoise ne se résume pas à la Grande Noirceur et que les valeurs qu’elle porte intègre celles issues de son appartenance au continent nord-américain. 

Ses publications

Le professeur Rouillard a publié de nombreux ouvrages et articles sur le sujet. Il est notamment l’auteur de Le syndicalisme québécois. Deux siècles d’histoire (Boréal, 2004), L’expérience syndicale au Québec. Ses rapports à l’État, à la nation et à l’opinion publique (vlb, 2009). Il termine un volume consacré à l’histoire du Conseil des métiers et du travail de Montréal de 1897 à 1930 (actuel Conseil régional FTQ. Montréal métropolitain) qui, en pratique, joue le rôle de la FTQ fondé en 1937.

Conférence 2018 – Jacques Rouillard
Le syndicalisme comme source de la social-démocratie au Québec (1900-1944)